jeudi 26 mai 2011

Joanna Concejo et la route aux souvenirs

Lorsque je rentre à Nantes, je suis toujours heureuse, et un peu nostalgique. Je me sens à la fois chez moi, mais plus tout à fait. J'ai l'impression d'être une observatrice, de regarder la ville d'un œil nouveau et surtout, attendri. Lors de mon séjour il y a quelques semaines, une journée a particulièrement été placée sous le signe des souvenirs. C'était un vendredi, le temps était magnifique, encore plus que les jours précédents, et après un repas léger avec ma mère, j'ai décidé de me balader. Et de faire quelque chose que je n'ai pas fait depuis des siècles : prendre le bus ! Même lorsque j'habitais à Nantes, je prenais la plupart du temps le tramway, que j'ai toujours trouvé plus agréable et plus rapide. Ce vendredi, je n'avais pas le choix pour me rendre à la bibliothèque Hermeland.
Lorsque le bus est arrivé, j'ai composté mon ticket et je me suis assise au soleil, dans le sens contraire de la marche (j'aime ne pas voir où je vais). Je me suis laissée bercer par le mouvement du bus tandis qu'il passait devant tous ces endroits qui avaient compté : mon lycée, la rue où ont vécu mes grands-parents, le Parc de Procé où j'ai goûté mes premiers chichis, la rue où vivait ma meilleure amie de lycée... Tout d'un coup, je me suis rendue compte que c'était le bus que je prenais pour aller à mes cours de guitare : en passant devant la rue de la musique (pour un prof de guitare, c'est approprié), j'ignore pourquoi, j'ai eu un petit pincement au cœur... À l'époque, j'étais toujours un peu stressée en parcourant les derniers mètres jusqu'à chez lui, de peur de ne pas être assez douée, de ne pas avoir assez répété, mais je ressortais toujours ravie. Quelle bécasse je suis d'avoir arrêté...


Une fois descendue du bus, j'ai marché quelques mètres et entendu des miaulements. Sur le rebord d'une fenêtre, au deuxième étage, un chat me regardait et poussait des petits cris désespérés. Je me suis un peu approchée, puis je me suis dirigée vers ce grand bâtiment bleu ciel quelque peu austère. J'ai avancé doucement, éblouie par le soleil, encore nostalgique de mon trajet de bus, lorsqu'un monsieur barbu m'a indiqué la salle d'exposition. Des enfants étaient là, assis par terre, suspendus aux lèvres d'une employée de la bibliothèque qui leur expliquait les différentes illustrations. Je n'ai pas osé trop m'approcher, de peur de les déranger, et je suis partie dans l'autre direction. J'ai fait le tour de la salle, j'ai regardé chaque dessin avec attention, plusieurs fois, puis je me suis arrêtée derrière le groupe et j'ai à mon tour écouté. J'aurais aimé être un de ses enfants et découvrir le travail de Joanna Concejo à travers leurs yeux. Et j'aurais aimé assisté à de telles expositions à leur âge.



J'ai découvert Joanna Concejo par hasard au Petit Atelier de Paris il y a quelques mois. Elle y avait exposé des dessins et réalisé des objets spécialement pour le magasin. Je regrette encore de ne pas m'être offert son joli torchon (mais comme j'en ai déjà pas mal...). Après ce coup de cœur instantané, j'ai dévoré son blog pour en apprendre plus sur elle et son travail. Quelle n'a pas été ma surprise quand j'ai vu qu'elle exposait à St Herblain, juste à côté de Nantes, et pile au moment où je rentrais ! Ça faisait un moment que je voulais voir ses dessins et ses livres "en vrai" et j'ai bien fait d'attendre. Dans cette salle peinte aux couleurs de l'univers de Joanna, j'ai pu apprécier son trait délicat, ses personnages aux expressions si justes, la mélancolie qui s'en dégage parfois, les teintes pastel et les feuilles sépia qui donnent l'impression d'une autre époque. Même lorsqu'elle illustre l'œuvre des autres, on retrouve dans le monde de Joanna une perspective unique et un fourmillement de détails qui ajoutent du sens à chaque nouvelle lecture. Et surtout, je trouve ses dessins très touchants.



Sur le chemin du retour, des images encore plein la tête, j'ai décidé de m'arrêter près de chez mes grands-parents. En descendant leur rue, j'ai repensé à des milliards de choses, à tout ce que j'avais vécu là : les parties de ballon près de la porte du garage, les cabanes dans les noisetiers, la cueillette des fraises des bois... J'ai marché un peu plus loin, jusqu'à ce champ encore à l'abandon dans lequel nous devenions des Robinson Crusoé, concoctant de la bouillie avec les fleurs des champs. Cet endroit que nous aimions tant, malgré les remontrances de ma grand-mère et malgré les orties qui nous piquaient les jambes. Je me suis rapprochée des grandes marches en ardoise menant à la maison. Est-ce que ce brin de violette était toujours près du pas de la porte ? Et puis j'ai aperçu un jeune homme à la fenêtre de ce qui était autrefois le salon. Il me regardait, se demandant sûrement pourquoi je rôdais près de chez lui. J'ai vite fait demi-tour et j'ai senti une larme couler sur ma joue, derrière mes lunettes de soleil. C'est dur de se dire que je n'ai plus droit de visite dans cette maison qui restera à tout jamais pour moi celle de mes grands-parents...

L'exposition de Joanna Concejo a lieu jusqu'au 18 juin à la Médiathèque Hermeland, à St Herblain. Si vous habitez dans le coin, je vous conseille vivement d'y aller !

Ça fait deux semaines que j'ai commencé cet article, mais en repensant à cette journée, impossible de le terminer. Il me fallait peut-être plus de temps pour tout digérer... En tout cas, désolée de mon absence prolongée.

mardi 3 mai 2011

Sept petites choses

Dans son dernier article, Toute Petite m'a taguée, et comme c'est un exercice auquel je ne me suis jamais prêtée, je suis ravie de le faire ! C'est dur de me rendre compte à quel point je me dévoile ici, ça dépend un peu des billets je suppose... Si vous voulez me connaître un peu mieux, voici sept révélations à mon sujet.


1- Je pleure au cinéma, et ça ne date pas d'hier. Un exemple : j'ai versé ma larme à la fin d'Aladdin quand le Génie dit à Aladdin : "tu seras toujours un prince pour moi" (hum hum, on ne se moque pas dans le fond). Dernièrement, j'ai la (les) larme(s) de plus en plus facile(s). Je ne sais pas si c'est la fatigue liée à mon travail ou si je deviens sentimentale avec l'âge...

2- Je porte des lunettes depuis l'âge de 13 ans et pendant très longtemps, je les mettais à peine, quitte à ne rien voir, parce que je n'aimais pas ma tête avec... Maintenant, ça va mieux, je trouve que ça ne me va pas mal finalement, et je les mets presque tout le temps (aussi parce que je suis plus myope qu'avant).

3- J'adore les lamantins. Oui oui, les lamantins, ces espèces de grosses vaches de mer qui mangent des tonnes d'herbe par jour et avancent dans l'eau en se dodelinant. Je rêve d'aller à Beauval, le seul zoo en France où on en trouve, et d'en voir enfin en vrai. Je sais que c'est bizarre, le regard désespéré de M. quand j'en parle me le fait bien comprendre !

4- J'ai toujours eu beaucoup de mal à me dévoiler, aussi bien à mes amis qu'à ma famille, et j'ai longtemps eu l'impression d'avoir un "monde intérieur" (à défaut d'un meilleur terme) que je ne pouvais partager avec personne. Le regard des autres me touche beaucoup, je ne supporte pas qu'on me juge (un "ami" qui le fait n'est pas pour moi un ami). À part à deux amis, M. et ma sœur, je n'ai parlé à personne de mon blog, probablement parce que je me rends compte combien c'est personnel. Et quand je vois certaines de mes amies lever les yeux au ciel quand je prends mes plats ou tout autre détail insolite en photo, je me dis que je n'ai peut-être pas tort (et je suis déçue...).

5- Je suis une geekette. J'ai une DS avec laquelle je joue toujours avec plaisir (en ce moment, je pêche, j'attrape des insectes et je me fais des amis dans Animal Crossing). J'aime aussi jouer avec M. à la X-Box 360, même si je ne suis adepte que de jeux de plate-forme (Harry Potter et Star Wars version lego, Ilo Milo) ou de baston (Marvel VS Capcom, hiiii). Et pour ça, je dois remercier mon frère !

6- Malgré de nombreuses mises en garde contre un milieu difficile et une situation précaire, j'ai choisi de faire le métier que je voulais. Même si tout n'est pas parfait, même si je râle souvent, même si ma situation est encore loin d'être stable, je me rends compte que j'ai de la chance de faire ce que j'aime, d'avoir la liberté de travailler chez moi, de rencontrer des gens lors de festivals, de prendre une semaine à Nantes si je veux, du moment que j'ai mon ordi avec moi. J'aimerais que le travail soit plus régulier pour ne pas avoir ces périodes creuses suivies de périodes de rush, mais ça viendra, j'y crois.

7- Ça va paraître cliché, mais je ne peux pas vivre sans musique. Mon père est un grand mélomane, j'ai grandi en musique grâce à lui, et même si mes goûts sont différents des siens aujourd'hui, je réécoute avec plaisir des chansons de Michel Jonasz ou d'Aznavour (bah oui !). Quand je sors seule, j'emmène toujours mon iPod, les chansons rythment mes pas, me donnent le sourire et parfois, je dois me réfréner de ne pas entonner les paroles... J'ai presque toujours une petite mélodie dans la tête, qui change en fonction de mon humeur et je rêve secrètement de vivre dans une comédie musicale (Top Hat ou Les demoiselles de Rochefort si possible).

À mon tour de passer la main ! J'aimerais en savoir plus sur :

- Pauline, pour découvrir si on a d'autres choses en commun

- Sibylle, pour pouvoir lire tes textes si doux

- Praline, pour savoir s'il y a autant de couleurs dans ta vie que dans tes recettes

- Sonia, parce que j'adore ta façon de voir Paris

- Aline, parce que ton univers poétique me touche beaucoup

- Mélisande, parce que j'espère que tu répondras en dessins

- Artsakountala, je sais que tu n'as pas de blog, mais tes commentaires me font toujours tant plaisir que j'aimerais te connaître mieux.

Et en prime, un petit bout de ma tête ! Qualité pas terrible, mais c'est dur de se prendre en photo toute seule...